Le Fil | Réinventer l’autoroute Laurentienne

Article paru le 22 février 2018 par Pascale Guéricolas


Les projets d’étudiants du Laboratoire de design urbain de l’École d’architecture inspirent différents conseils de quartier de la ville de Québec

Au volant de votre voiture, vous roulez sur l’autoroute Laurentienne en direction du centre-ville de Québec. À la hauteur du centre commercial Fleur de Lys, la chaussée se rétrécit. Vous empruntez la bretelle et voici le stationnement intérieur de la station intermodale dans lequel vous vous garez. Quelques minutes plus tard, votre tramway file allègrement vers la colline Parlementaire en empruntant la nouvelle version de la rue Dorchester.

Rêve éveillé? Pure fiction? Pas tout à fait. Tout l’automne, quatre équipes d’étudiants à la maîtrise en design urbain ont travaillé à l’aménagement de certaines artères de Limoilou, de Saint-Sauveur et de Saint-Roch particulièrement peu conviviales pour les piétons. Cette approche est directement en lien avec le Plan de mobilité durable proposé par la Ville de Québec en 2011. «Le Laboratoire de design urbain s’intéresse à des questions d’actualité, indique Érick Rivard, architecte et chargé de cours à l’École d’architecture. Il m’a semblé intéressant de travailler sur des projets concernant la densification de la ville, car on sait que Québec aura besoin de plusieurs dizaines de milliers de logements d’ici 25 ans.»

L’aménagement de l’autoroute Laurentienne fait partie des dossiers sous les feux de la rampe. Plusieurs organismes, dont Accès transports viables, militent pour sa transformation en boulevard urbain. «Actuellement, cette autoroute forme une barrière entre deux quartiers, Limoilou et Vanier, remarque Étienne Grandmont, le directeur de l’organisme qui fait la promotion de la marche, du vélo et des transports collectifs. Le projet de l’équipe qui a travaillé sur la naissance d’un quartier autour de l’autoroute Laurentienne m’a ouvert les yeux. Les étudiants ont réussi à y implanter près de 6 000 logements, soit à près le même nombre d’unités que ce que la Ville veut bâtir sur les terres des Sœurs de la Charité à Giffard. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’on pouvait autant densifier le quartier, tout en respectant la hauteur des bâtiments avoisinants.»

Le responsable d’Accès transports viables a suivi et conseillé les étudiants tout au long de leur travail. Le 15 février, il a utilisé leurs images pour discuter du futur de l’autoroute Laurentienne au conseil de quartier de Lairet. Le but: faire rêver les résidents habitant à proximité du Centre Vidéotron pour les amener à s’intéresser aux aménagements futurs. Il faut dire que le nouveau quartier né sur la table à dessin de Maryse Béland, de Florence Côté, de David Diederich et de Maxime Tremblay-Laverdière a de quoi enflammer l’imagination. Dans leur présentation, que l’on peut découvrir sur la page Web du Laboratoire de design urbain, non seulement les étudiants font-ils de l’autoroute deux rues qui rejoignent les artères actuelles Dorchester et de la Couronne, mais ils transforment aussi le centre commercial Fleur de Lys. Grâce à eux, les immenses stationnements actuels deviennent un nouveau lieu de vie à échelle humaine, doté de bâtiments et de petites maisons aisément accessibles en vélo, en bus, en tramway et à pied.

«Nous avons plongé dans l’histoire pour nous inspirer, explique Maxime Tremblay-Laverdière, étudiant à la maîtrise en architecture. En cherchant sur les anciennes cartes, nous avons découvert l’existence du ruisseau St-Michel, aujourd’hui canalisé. Le nouveau quartier porterait son nom.» L’équipe utilise également la vocation festive d’Expo Québec pour concevoir une série d’animations autour du centre commercial. Dans le projet, ce dernier perd d’ailleurs une partie de son toit au profit de nouvelles artères qui le traversent.

Même si les équipes avaient carte blanche pour imaginer une autre ville, elles ont quand même ancré leurs projets dans le réel. À plusieurs reprises, en effet, des économistes, des spécialistes en circulation, des fonctionnaires de la municipalité et des architectes leur ont fourni des informations pertinentes pour rêver de manière utile.

Une autre équipe, celle de Philip Cloutier, de Frédéric Paquet et de Carolane Tremblay, a travaillé, quant à elle, sur la partie sud de l’autoroute Laurentienne. Elle a voulu mieux aménager la rivière St-Charles et le parc Victoria, plutôt coupés du reste de la ville, en rétablissant les liaisons avec les quartiers environnants. Dans les cartons de son projet Réminiscence, on trouve une façon plus écologique de gérer les eaux et on permet une plus grande connivence entre la population et ce morceau de nature.

D’autres conseils de quartier de Québec auront accès aux projets des étudiants du Laboratoire de design urbain dans les prochaines semaines. Il s’agit d’une belle façon d’amorcer les discussions en s’affranchissant de la réalité urbaine actuelle.

Découvrez les projets étudiants

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Photo: Maxime Tremblay-Laverdière

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