Exposition « Transarchitectures » de Hérault Arnod Architectes

Soirée mémorable que celle qui s’est tenue au Musée de la Civilisation, le 25 janvier 2010. Madame Isabel Hérault, de l’agence Hérault Arnod Architectes, de Grenoble en France, fut l’invitée d’honneur de cet événement. Transarchitectures, la conférence que Madame Hérault a donnée, a été un moment de grande générosité envers un auditoire de futurs architectes captivés par la créativité, la rigueur et la richesse des propos et des œuvres présentés. La conférence a été suivie du vernissage de l’exposition des oeuvres récentes de son agence. Après une semaine au Musée de la civilisation, l’exposition Transarchitectures se transporte maintenant à l’École d’architecture de l’Université Laval, pour y être présentée jusqu’au 26 février 2010.

Venez voir « Transarchitectures » présentée au local d’exposition de l’École d’architecture de l’Université Laval, jusqu’au 26 février 2010.

Exposition

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L’AMBIVALENCE DANS LA PEAU, par Francis Rambert
Ne leur parlez pas de “contexte”, car ils préfèrent le mot “milieu”, infiniment plus vivant de leur point de vue. Incomparablement plus porteur d’énergie. L’énergie c’est la marque de leurs projets, la montagne, leur culture, leur univers. La montagne, quelle belle entrée en matière pour ce duo grenoblois aux prises avec les questions de notre société mondialisée. Dès lors, comment être radical dans la complexité contemporaine ? C’est la ligne à laquelle ils essayent de se tenir, non sans lutte. “Notre démarche n’est pas linéaire, elle se nourrit d’hybridation, d’ambivalence”, assurent-ils.

Depuis qu’ils furent repérés parmi les “40 architectes de moins de 40 ans” au début des années 90, Hérault et Arnod s’efforcent de créer “une trace”, la plus souple et la plus nette possible. La plus lisible dans un contexte très brouillé par les contingences diverses. Un défi permanent qui les a conduits très tôt à évacuer la question de “la proportion”, ou “du détail”. Car ils seraient plutôt dans l’effacement du sacro-saint détail, voire dans une certaine logique de disparition : “que les bâtiments soient autre chose que des bâtiments”. Pour autant, tout est dessiné, très précisément, afin de trouver l’espace de cette ambivalence recherchée.

Ils réfutent à priori les évidences pour mieux se concentrer sur l’essentiel. Dans leur processus conceptuel, leurs intuitions sont testées en maquette, comme s’ils avaient envie de laisser venir quelque chose d’imprévu au programme. Ils se donnent alors les moyens de laisser émerger ces éléments exogènes. Hérault et Arnod font partie de ces architectes qui pensent chaque projet comme matière à expérimentation. Sur la matière, sur l’espace, comme sur l’usage… Mais s’il est pour eux un champ privilégié d’intervention, parlons de celui de “la peau”. Du “Nomad” au “Métaphone”, la peau est, en effet, au cœur de leur travail depuis une quinzaine d’années. L’erreur serait alors de réduire leur approche à une simple question d’enveloppe ou à une velléité décorative, tant elle vise à expérimenter une autre relation à la matière. Et cette matière est aussi bien le grand paysage que la ville… Après, on comprend très vite que la peau, simple ou double, en cuivre, Corten, plastique, ou autres espèces de bois, est véritablement créatrice d’interface. Tout est là : dans le paradoxe de cette profondeur de peau.

Extrait du texte de Francis Rambert pour le livre « Nature, Body, Skin » – Architectures by Hérault Arnod. Francis Rambert est critique d’architecture et directeur de l’institut Français d’Architecture, département contemporain de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris.